Je ne suis pas une machine de guerre

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Je ne suis pas une machine de guerre

Les temps sont vagues, les temps sont froids.

Comme un tsunami presque à une semaine tout pile un froid glacial se déverse sur la ville. Rien de fortuit,  Il devait arriver c’était écrit. On nous a prévenu à la météo mais je n’osais y croire, ce redoux, cet été indien me convenait bien. Et pourtant c’est si logique cette arrivée des grands froids.

La France a MAL, la France a FROID, Paris s’évade.  Vers sa famille, vers la campagne et d’autres restent la. Fluctuat Neg Mergitur. Jamais ne coulera.

Pray for paris

Une semaine dans quelques heures et j’ai toujours l’âme pâle, le regard en vagabondage. Je sors sans être apprêtée, même plus de maquillage léger, mes cheveux ne sont mêmes plus arqués par mon fer,  alors que je sais pertinemment que je vais voir des gens. Je ne l’avais jamais fait jusqu’à présent.

VAGUE A L’AME, BLEU AU MORAL.

Je ne suis pas étonnée de ce froid qui arrive, et de ce gris qui s’installe. J’ai froid depuis vendredi soir déjà. Mes pieds ne touchent plus vraiment terre. Je n’accepte pas, c’est irréel, j’ai trop mal,  et surtout j’ai froid alors qu’il fait 15 degrés, je ne le crois pas.

J’ai une pensée très émue pour toutes ces victimes, pour leurs proches, pour mes ami(e)s, et pour mes amis proches qui sont terriblement touchés.

Que vous dire que vous ne sachiez déjà. En une semaine… oui déja une semaine…

On a mis des mots sur ces attaques, On a mis des noms sur ces centaines de victimes, On a mis des prénoms sur les commanditaires. On a mis des adjectifs sur le courage des parisiens, On a mis de l’amour là ou souvent il n’y avait que la haine.

Et pourtant…

Ils ont mis la peur dans le coeur de chacun, ils ont déraciné nos certitudes… Ils ont mis à mal une patrie, MAIS nous serons plus forts.

Nous sommes DEJA plus forts. CAR Nous ne sommes pas des MACHINES DE GUERRE. Nous sommes humains avant tout. Nous avons mal, nous sommes en deuil, nous sommes gris, un peu frileux, voire terrifiés, mais nous sommes debout.

Nous sommes une ARMEE d’AMOUR. Et ça change tout.

Alors oui on ne réagit pas tous pareil, certains ont déjà repris le dessus, d’autres sont lovés dans leurs couettes, d’autres stagnent sur leurs canapés, certains ont repris le chemin du boulot et font semblant d’être 100% focus sur les tâches qui leurs sont assignées, d’autres sont en famille et ne veulent pas la quitter, et certains se noient dans le travail pour oublier. On est tous différents face à l’adversité, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de vivre un tel drame. On est DIFFERENTS et c’est la encore où l’on est humain. On a un libre arbitre, une conscience, un coeur, et c’est ce qui fait que nous sommes des individus éclairés, différenciés, intéressants qu’on n’endoctrine pas au moindre tour de cadrant, en somme nous ne sommes pas des machines de guerre et que nous ne le serons jamais.

NOUS PENSONS DONC NOUS SOMMES.

NOUS AIMONS DONC NOUS SOMMES.

On ne nous dicte rien, on ne nous impose rien si ce n’est nous aimer les uns les autres. D’avoir envie de protéger nos sacro-saintes Liberté, égalité, fraternité, et croyez moi je ne me ferais pas prier. Si je pouvais je les tatouerais partout sur les pavés.

Mille choses se bousculent dans ma tête, mais mes mots restent bloqués. Ca fait une heure que dis je une semaine, que je tente de vous écrire sans succès. Je suis colère, rage, tristesse, lequel choisir je ne sais.

J’ai envie de crier, je m’y refuse, les larmes commencent à perler mais je ne veux pas pleurer.

Les minutes passent, je reste statue de sel, et un gout iodé caresse mes lèvres. J’ai fini par pleurer. Je me lève. Je tourne en rond, en pyjama gris d’ailleurs ça ne me ressemble pas. Je me sers un verre. je le pose, j’oublie pourquoi je suis dans la cuisine. Je retourne m’assoir. Je suis seule dans l’appart, mais je crois que je me suis entendue crier. Je suis passée devant les miroirs sans me voir telle une ombre, j’avais l’air égaré. Je reprend le clavier. Les minutes passent je suis bloquée. Pourtant écrire c’est mon échappatoire, la poésie, les beaux mots bien collés, j’ai toujours fait. Je ferme les yeux.

Alors voila…  J’ai envie de vous dire, de vous souffler mon amour, ma soif de partage, de câlins, de vous rencontrer. J’ai envie de vous dire qu’ils ont voulu attaquer la France, ce que nous représentons, notre art de vivre, ce qu’on nous envie dans le monde entier ce mode de vie épicurien d’amour, de passion et de plaisir et du on verra bien demain.

Ils ont touché la France, ils ont saigné Paris.

La capitale de tous les péchés c’est ce qu’on leur appris. Ils nous ont visés nous les jeunes, peuplade mécréante d’insouciance et de débauche. Parce que c’est nous qui représentons la France. Cet amour du vin, des apéros en terrasse, des bons repas, de la bonne chère, de la musique, de la danse, de l’amour, des embrassades sur les bancs publics, des soirées entre potes pour les matchs… Notre amour des arts vivants, car nous sommes vivants, nous sommes cette luxure épicurienne qu’ils exècrent tant.

Nous ne sommes pas des machines de guerre, nous avons tous des failles, des déchirures, nous souffrons en silence en ce moment, nous sommes empathiques, on a mal, on saigne et pourtant l’amour est plus grand. Nous ne sommes pas indestructibles, sans coeur et sans entrailles, nous sommes tous atteints de près ou de loin.

Alors oui je ne suis pas une machine de guerre. Oui j’ai mal, oui je me bats et oui j’ai du mal à me relever. Oui j’ai été profondément meurtrie quand le dimanche j’ai enfin réussi à sortir avec Marie pour lui faire découvrir Paris, et que j’ai vu mon Paris barricadé dans tous ses symboles étatiques, culturels ou ses parcs… Pourtant je suis habituellement plutôt forte et je me bats chaque jour pour vous, pour mettre du soleil dans vos vies même quand le ciel est gris à grand coup de renfort de canson de couleurs. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait. Après les évènements j’étais anéantie, et puis j’ai décidé de me battre pour vous, pour eux, pour moi pour ne pas sombrer. J’ai décidé de rendre hommage du mieux que je pouvais, en créant… en résistant. J’ai complètement déliré, j’ai changé l’idée de ma vitrine pour le salon. Une vitrine un endroit de passage, un endroit où s’exprimer, ou crier en silence. Un endroit pour résister. Et de toute manière je n’avais pas la force de travailler alors autant le faire dans un but.  On a commencé à faire des roses pour chaque victime. Puis rapidement on s’est rendu compte que nos 4 mains ne suffiraient pas alors j’ai demandé de l’aide, et de l’amour sur Facebook, j’avais besoin de faire ça avec d’autres, de rencontrer des gens, de faire sens simplement. Les messages de soutien ont fusé, certaines sont venues elles sont rentrées a 2h du matin, on a grignoté, on a ri, et parfois on a failli pleurer.

Les fleurs ça soutient. Ca fait espérer.

Le jour de l’installation de la vitrine est arrivé. Les filles m’ont maintenu à flots j’étais à deux doigts de craquer, j’avais l’air d’un cadavre mais j’ai rien dit la gorge serrée.

A ma grande grande surprise plein d’adorables jeunes filles (plus belles les unes que les autres en plus) sont venues nous aider à installer après avoir vu mon post insta. Je n’en reviens toujours pas. Il se trouve que le résultat me déçois profondément, j’aurais aimé que ce soit plus fort, plus imposant, plus marquant, plus vibrant plus… plus et encore plus. Car dans mon coeur toutes ces fleurs c’était grand.

Je suis partie Mardi soir avec un gout d’inachevé et un dégoût profond pour mon travail. J’avais échoué. Je me suis battue pendant 4 jours jours et nuit pour tout modifier tout créer de toute pièce et j’avais échoué. Je n’étais pas à la hauteur des attentes que les filles avaient mis en moi, et même pas à la hauteur de tout ce soleil que je vous avais promis sur insta. Impossible de dormir. J’ai du somatiser, le lendemain matin j’étais aphone, clouée au lit comme grippée, presque 40 de fièvre, impossible de bouger.

Paul a compris a quel point ça m’avait meurtrie. Il a créé des compléments, des choses et est allé les installer (Melvina si tu passes par là merci de l’avoir aidé). Chaque jour il revient avec une photo de la vitrine et je n’aime toujours rien. Je m’effondre en pleurs à chaque fois et il recommence à créer des choses repart avec son escabeau et complète cette vitrine fracturée et incomplète. Il y’a des chances pour qu’elle ne soit aboutie que dimanche mais tant pis elle l’aura été. Et puis une installation n’est-elle pas faite pour être une performance ? l’art n’est il pas dans un mouvement permanent de renouveau ? notre reconstruction à nous cette semaine ne s’est elle pas faite par fragments ? Il en sera de même de la vitrine elle grandit patiemment. Alors voila on est Vendredi et je n’ai toujours pas mis les pieds devant ma vitrine qui chaque jour se transforme. Je ne l’ai pas fait car je ne vous avais pas écrit… parce que je sais que c’est pour moi mon acte de deuil cette vitrine et que lorsque je serai devant je vais pleurer, respirer profondément, et décider que je dois recommencer à avancer. La confrontation est mon acte d’acceptation.

Je file m’habiller, me préparer, me forcer, j’ai RDV avec certaines d’entre vous gagnantes du concours dans moins d’une heure pour vous donner les places. Je vais être forte.

Je vous aime, merci d’être vous mes nenuflows mes jolies fleurs Prenez soin de vous, et voyons de nouveau la vie en couleur.

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Je le redis ici car vous me connaissez la photo insta je vais pas réussir à la laisser ah ah, mais merci

Maia, Pauline, Selma, Aurore, Clémence, Marine, Chiraz, Marthe, Florence, Amélie, Dominique, Melvina, Margaux et toutes les autres de vos adorables messages ♡

Merci aussi à Fleux pour les meubles et leur confiance inébranlable en nous, Kusmi Tea, La petite Epicerie et les peintures Ressources qui nous ont permi de vieillir cette toile de coton.

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  • Merci à toi pour ton coeur si tendre et si doux… <3

    20 novembre 2015
  • Je t’ai connu au moment des tragiques événements du 7 janvier, tu avais repris la photo « Je suis Charlie » de mon Insta. Depuis, je te suis. Bravo à toi pour ton grand coeur et ta sincérité.
    Bravo à toi pour ton courage et ta force.
    Je trouve que tu dénotes tellement de tout un tas d’autres blogueuses / créatrices …
    Et moi j’aime beaucoup toutes ces fleurs et cette installation ! C’est très poétique.
    Continue à nous émouvoir et nous surprendre Amélie.

    20 novembre 2015
  • Aurorelle
    REPLY

    Quel magnifique mot, j’en ai les larmes aux yeux …!
    Tout est dit, avec une prose remarquable.
    Je sais que ça ne changera rien à ce que tu penses de ta vitrine, mais elle est vraiment sublime ! Je suis pressée de la voir dimanche pour te confirmer qu’elle est meme mieux en vrai qu’en photo ! Bravo les nymphéas ❤️

    21 novembre 2015
  • Ton post est très émouvant… Je ne suis pas douée pour écrire sur mes ressentis, mais je voulais juste vous dire que ça m’a touchée de vous avoir aidés à faire quelques fleurs pour cette vitrine. De savoir ce qu’elle signifie m’a émue hier quand je l’ai vue « finie ». Courage, ces évènements doivent nous rendre plus forts et unis !
    Clémence

    21 novembre 2015
  • sara gregoire
    REPLY

    je découvre à l’instant ce post… j’étais au salon le mercredi d’ouverture du salon, et ta vitrine est la seule qui m’ait marquée… c’était la plus jolie, de loin….. cela n’empêche en rien ce que tu ressens, qui n’a rien à voir à mon avis avec l’apparence de la vitrine mais plutôt avec l’action…. courage!

    8 décembre 2015

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